Mosquée Bu Fatata
- Nom : Mosquée Bu Fatata
- Lieu : Sousse, Tunisie
- Date/période de construction : 838-841
- Matériaux de construction : Pierre en grès coquillier
- Décor architectural : Pierre sculptée
- Destinataire/mandataire : Abû 'Iqal
- Inscriptions :
- façade ouest, en kufique : « Au nom de Dieu, le Bienfaiteur, le Miséricordieux ».
- façade nord, en kufique : « Bénédiction et miséricorde à al-Aghlab ibn Ibrâhîm a ordonné de bâtir cette mosquée pour y invoquer le nom de Dieu, par les mains de …, client de l’émir… »
La mosquée est située à l'extrémité sud de la médina, à trois cents mètres de la qasaba, du côté nord-est. De plan rectangulaire plus profond que large, se rapprochant par ses dimensions de l’oratoire du ribât Sayyida à Monastir et par son architecture austère et sobre de la Grande Mosquée de Sousse, ce bâtiment est précédé d'un porche d’entrée voûté en berceau et donnant sur l’extérieur par trois arcs en plein cintre outrepassés reposant sur des piliers. Au-dessus des arcs, dans un bandeau en cuvette, court une inscription en kufique dont les lettres se terminent par des hampes biseautées. Pour des raisons d’optique, le bandeau épigraphié n’est pas plan mais disposé en biseau. Ce principe sera appliqué à la Grande Mosquée de Sousse, mais aussi en Égypte[1].
La salle de prière, qui renferme trois nefs et trois travées, est couverte de voûtes en berceau sur doubleaux posés sur des arcs en plein cintre outrepassés, reposant sur de courts piliers cruciformes. Ce plan est très rare dans l’architecture islamique ; il est utilisé sporadiquement dans des aires géographiques aussi éloignées les unes des autres que l’Espagne[2] ou l’Afghanistan[3]. Cette couverture abrite un mihrâb composé d’une niche semi cylindrique à arc outrepassé reposant sur des colonnettes, coiffée d’une demi coupole. Au cours de l’époque hafside (1228-1574), un minaret fut érigé dans l’angle ouest de l’oratoire au détriment du porche d’entrée. De base rectangulaire, il est orné de baies géminées encadrées de carreaux de céramique indiquant des influences andalouses, lesquelles virent le jour au Maghreb dès le XIe siècle aux périodes almoravides puis almohades[4].
Malgré la modestie du monument, cet oratoire occupe une place importante dans l'art ifriqiyen. En effet, la disposition de sa façade n'a pas de précédent dans l'architecture tunisienne et sera imitée, plus tard, par la mosquée al-Qasaba et la mosquée Zitouna à Tunis. De plus, il offre la première inscription sur façade en Ifriqiya, préfigurant celle de la mosquée Ibn Khayrun (ou « des trois portes », Kairouan). Elle constitue la première inscription datée après celle de la Coupole du Rocher (Jérusalem, 691). Son architecture austère parait élaborer les formules qui vont être appliquées avec plus d'ampleur dans l'architecture religieuse sahélienne à l'exemple des Grandes Mosquées de Sousse, Monastir et Mahdiyya.
[1] Mosquée Salih Talaï (Le Caire, Égypte, 1160).
http://archnet.org/library/images/one-image.jsp?location_id=4870&image_id=113450
[2] Mosquée Bâb al-Mârdum, actuellement église San Cristo de la Luz, Tolède, Espagne, 999.
http://archnet.org/library/images/one-image.jsp?location_id=5359&image_id=12619
[3] Mosquée aux neuf dômes, Afghanistan, Balkh, fin VIIIe – déb. IXe s.
http://muslimheritage.com/topics/default.cfm?TaxonomyTypeID=2&TaxonomySubTypeID=18&TaxonomyThirdLevelID=7&ArticleID=510
[4] Minaret de la Giralda, Espagne, Séville, 1171.
http://archnet.org/library/images/one-image.jsp?location_id=14482&image_id=53386
Creswell, K. A. C., Early Muslim Architecture, t. II, New York, 1979, Hacker Art Books, p. 246-248.
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Marçais, G., L’architecture musulmane d’Occident, Paris, 1954, AMG, p. 23-24.
Golvin L., Essai sur l’architecture religieuse musulmane, t. III, Paris, 1974, Klincksieck, p. 210-211.
Benaboud, N., El-Khatib Boujibar, K., Lakhdar, M., Le Maroc andalou, A la découverte d'un art de vivre, Amman, Aix en Provence, 2000, Musée sans frontières.
Bittar, T., « La mosquée de Tchor Soutoun à Termez. Sa place dans l’architecture islamique », in La Bactriane au carrefour des routes et des civilisations de l’Asie centrale, Actes du colloque de Termez, 1997, Paris, 1997, Maisonneuve & Larose, IFEAC, p. 385-397.
Combe, E., Sauvaget, J., Wiet, G., Répertoire chronologique d’épigraphie arabe, t. I, Le Caire, 1931, Institut français d’archéologie orientale, p. 218-219, n° 276.
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Golvin, L., Essai sur l’architecture religieuse musulmane, t. III, Paris, 1974, Klincksieck, p. 190-192, 212-218.
Hautecoeur, L., Wiet, G., Les mosquées du Caire, Paris, 1932, Librairie Ernest Leroux, p. 229-232.