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Lamina universelle

  • Titre / dénomination : Lamina universelle
  • Lieu de production : Maroc, Taza
  • Date / période : 728 H./1327
  • Matériaux et techniques : Laiton gravé
  • Dimensions : D. 21,9cm
  • Ville de conservation : Oxford
  • Lieu de conservation : Museum of the History of Sciences
  • Numéro d'inventaire : 57-19
  • Inscription :

    au dos, dans la partie supérieure gauche du quadrant :

  • Traduction :

    « Fait par ‘Alî ibn Ibrâhîm al-Harrâr, le muezzin, à Taza, Dieu le protège, en l’an 728 de l'Hégire »

Instrument d’origine grecque, l’astrolabe ( du grec astron et labê, qui signifie « qui prend les astres ») fut adopté dès le VIIIe siècle par les Arabes qui menèrent de nombreuses recherches dans le domaine de l’astronomie, notamment à travers la traduction d’ouvrages scientifiques indiens, persans et grecs, comme l’Almageste de Ptolémée. L’instrument fut beaucoup amélioré, en particulier entre les années 800 et 1100, durant lesquelles de nombreux traités virent le jour, en particulier en Occident musulman. C’est au XIe siècle que le concept de « lamina universelle » fit son apparition : cette invention visait à surmonter l’une des difficultés liées à l'utilisation de l'astrolabe planisphérique, qui imposait un tympan particulier pour chaque latitude où l’instrument était utilisé, augmentant le poids, le volume et le coût de l’appareil. Al-Bîrûnî résolut le premier ce problème, avec une projection de la sphère céleste sur le colure des solstices ; mais c’est en Espagne musulmane que l’instrument  fut réalisé, certainement par l'astronome Abû al-Hasan ‘Alî ibn Khalaf, puis perfectionné par Ibrâhîm ibn Yahia al-Naqqâsh al-Tulayteli (le Tolédan) dit ibn Zarqâli, qui entre autre supprima l’araignée.

Cette lamina universelle est munie d'une araignée divisée, comme sur les autres instruments, en deux moitiés, l’une représente une carte stellaire dont le cercle extérieur représente l'équateur ; l’autre comporte les projections stéréographiques habituelles. Au revers, signé par son créateur, sont gravés une échelle de calendrier zodiacal de type concentrique, un diagramme des heures inégales, un diagramme de sinus et de cosinus, un carré des ombres et l'échelle des degrés habituelles. La forme du trône rappelle ceux des premiers astrolabes musulmans originaires d’Égypte et de Syrie, tandis que l’alidade est semblable à celles rencontrées dans les différents types d’astrolabes du Maroc. Contrairement aux représentations du tropique du Capricorne sur les araignées conventionnelles, l’araignée de cette lamina montre l’équateur.

Un autre exemple d'astrolabe universel signé Ahmad ibn Sarrâj est conservé au musée Bénaki à Athènes, provenant d'Alep et fabriqué en 1329. La contemporanéité de ces astronomes et de leurs oeuvres illustre le rapprochement scientifique et culturel entre l’Occident et l’Orient Musulman. La lamina universelle reflète aussi un aspect de l'influence mutuelle entre astronomie musulmane et européenne. La tradition des astrolabes universels se poursuit au Moyen Âge en Occident Musulman et chrétien. Le Libros del saber d’Alphonse X de Castille, rédigé en castillan vers 1276, propose une explication détaillée de la construction de l’instrument et de son utilisation. Ce type d'instrument fut conçu en 1274 par l'astronome grenadin Ibn Basô qui réunit l'école tolédane et la tradition syrienne de Damas initiée par l'astronome Habash al-Hasib (IXe siècle)[1]. Sur un astrolabe d'époque ottomane de 1686, la lamina orientale de Syrie épouse la lamina occidentale d'al-Andalus.

NOTE

[1] Le Musée National de la Science et la Technique de Madrid abrite une restitution théorique de la lamina d'Ibn Zarqâli réalisée par M. Gomez et H. Mielgo.

BIBLIOGRAPHIE DE L'OBJET

De l’empire romain aux villes impériales, 6000 ans d’art au Maroc, (cat. exp. Paris, musée du Petit Palais, 1990), Paris : Paris-Musées, 1990, p. 238, pl. 239.

El legado científico andalusí, (cat. exp. Madrid, Muséo arqueologico Nacional, 1992), Madrid : Ministerio de Cultura, 1992.

L'âge d'or des sciences arabes, (cat. exp. Paris, Institut du monde arabe, 2005), Arles/Paris : Actes Sud/Institut du monde arabe, 2005.

BIBLIOGRAHIE DE REFERENCE

المنوني، محمد. ورقات عن حضارة المرينيين، الرباط، كلية الآداب والعلوم الإنسانية، جامعة محمد الخامس، 1996

Maddison, F., « Observatoires portatifs : les instruments arabes à usage pratique », in Histoire des sciences arabes, vol. 1, Astronomie, théorique et appliquée, p. 139-172.



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