Qantara Qantara

Mosquée Taynâl

  • Nom : Mosquée Taynâl
  • Lieu : Tripoli, Liban
  • Date/période de construction : Rajab 736H./février-mars1336
  • Matériaux de construction : Pierre (grès)
  • Décor architectural : Décor d'ablaq, Minbar en bois sculpté

Située sur la rive gauche de la rivière Abû ‘Alî, près du cimetière de Bâb al-Raml, cette mosquée a été commandée par Taynâl, gouverneur de Tripoli (1326-1333, 1335-1340, et 1341), qu’Ibn Battûta dépeint comme un homme riche. L’acte de waqf, gravé sur le portail intérieur, détaille les importants revenus devant assurer l’entretien du bâtiment. La mosquée a toujours intrigué ses visiteurs, en raison de particularités qui la distinguent des autres monuments de Tripoli. En 1700, Al-Nâbulsî la décrit comme « d’un style étrange et d’une architecture étonnante. »

 Au Nord, l’entrée est marquée par un grand arc brisé contenant une porte rectangulaire entourée d’assises superposées noires et blanches, selon le système de l’ablaq. Cette entrée aurait subi des changements à une période postérieure, impliquant l’addition d’un auvent  en forme d’arc faisant saillie sur la façade. Elle mène à la première partie de la mosquée. Dans ce hall d’entrée, l’espace, de forme rectangulaire, est divisé en trois allées par quatre colonnes de granite de tailles différentes. L’allée centrale, la plus large, est couverte par deux coupoles. Cette partie a conservé son revêtement de mosaïques de marbre sur le sol, mais la fontaine de marbre a disparu.

 Sur le mur opposé à l’entrée, un portail monumental, entièrement décoré en ablaq, ouvre sur la seconde partie de la mosquée. Situé dans l’axe du mihrâb, il est orné de panneaux en marqueterie de marbres polychromes à décor géométrique, de muqarnas surmontés par une petite coupole, et d’inscriptions, en graphies naskhî et kufique carré. Dans cette seconde partie, l’espace central, légèrement en contrebas, est couvert d’une coupole soutenue par quatre piliers massifs ; une large galerie l’entoure, creusée dans son mur sud d’un mihrâb devant lequel prend place une coupole à nervures. Très simple, le mihrâb, dont l’arc repose sur deux colonnettes, contraste avec un minbar en bois richement orné de motifs géométriques et d’arabesques, ainsi que d’une inscription en naskhî indiquant sa date d’achèvement et le nom de l’artisan. Sur le mur est, deux portes conduisent, l’une à un mausolée à coupole[1], l’autre au minaret. Ce dernier est une petite tour, au fût carré puis octogonal, se terminant en un parapet avec une petite lanterne coiffée d’une coupole. Sur la partie carrée sont placées des fenêtres à arcs à coussinets à la mode sous les Mamlûks[2]. Le minaret a deux escaliers intérieurs séparés ; l’un conduit à l’intérieur de la mosquée, l’autre mène à l’extérieur, rappelant des minarets andalous[3].

Le plan et les colonnes de granite à chapiteaux corinthiens – clairement des matériaux de remploi – indiquent que la mosquée Taynâl a été construite à l’emplacement d’anciens bâtiments, probablement une église carmélite de l’époque croisée, elle-même bâtie sur un temple romain. Ce fait n’est pas sans rappeler d’autres mosquées érigées sur d’anciens édifices religieux, comme la Grande Mosquée de Damas ou celle de Hama. La coupole à nervures devant le mihrâb indique peut-être une influence d’Afrique du Nord.

La marqueterie en marbre sur les murs et les sols intérieurs emploie des motifs courants dans le vocabulaire décoratif mamlûk, tels les étoiles, les swastikas et le kufique carré. Ce dernier est un type de kufique géométrique, répandu en Iran et en Irak à partir du XIIIe siècle, et devenu très fréquent à l’époque mamlûke, surtout au Caire où il fait sa première apparition dans le mausolée de Qalâ’ûn (1284-85). On le retrouve aussi sur d’autres monuments de Tripoli, comme la madrasa al-Burtâsiya.

NOTE

[1] Il ne contient pas la tombe du prince Taynâl, celui-ci étant mort à Damas.

[2] Le Caire, minarets de Qalâ’ûn (1285) et Sanjar et Salâr (1303).

[3] Minaret de Abd al-Rahman III à la Grande Mosquée de Cordoue, 958.

BIBLIOGRAPHIE DU MONUMENT

Bizri, A., La calligraphie arabe dans l’architecture : les inscriptions dans les monuments islamiques de la ville de Tripoli à l’époque mamelouke, Beyrouth, 1999, Fondation Nationale du Patrimoine.

Jidejian, N., Tripoli through the Ages, Beyrouth, 1980, Dar el Machreq.

Meinecke, M., Die Mamlukische Architecktur in Ägypten und Syrien (648/1250 bis 923/1517), Glückstadt, 1992, Verlag J.J. Augustin.

Salam-Liebich, H., The Architecture of the Mamluk City of Tripoli, Cambridge, 1983, The Aga Khan Program for Islamic Architecture.



Expression #1 of ORDER BY clause is not in SELECT list, references column 'qantara.fr_index.in_poids' which is not in SELECT list; this is incompatible with DISTINCT