![]() |
Cet ouvrage contient des textes scientifiques arabes et juifs traduits en latin, et, à partir du latin, en castillan. La plupart des livres à partir desquels cette Somme fut composée ont été rédigés entre 1254 et 1259. Ils ont ensuite été compilés dans la décennie 1270 afin de réaliser cet ouvrage. La Somme est composée de seize parties. Deux cent un folios écrits par une seule main, en écriture gothique, sont conservés. Il manque quelques pages. L’état de conservation de ce parchemin enluminé est relativement bon, il a été restauré en 1977.
Il s’agit d’une des œuvres scientifiques principales dirigées par le roi Alphonse X le Sage. Outre les traducteurs appartenant à l’École de Tolède, un grand nombre de copistes et de miniaturistes ont participé à son élaboration.
L’astrologie et l’astronomie, thèmes principaux de ce livre, préoccupaient particulièrement le roi qui rédigea un prologue pour chacun des livres. L’œuvre renferme trois sortes d’ouvrages : ceux traitant du mouvement des astres, ceux portant sur la fabrication des instruments d’astronomie et d’astrologie et enfin ceux concernant la mesure du temps. Le roi souhaitait en effet que soit fait, pour chaque instrument, un traité expliquant sa construction et un autre évoquant son usage. Lorsque des livres existaient déjà sur ces thèmes, il les fit traduire en castillan et les intégra à la Somme ; dans le cas contraire, il demanda qu’un traité soit rédigé à ce propos. Bien qu’il s’agisse d’une œuvre destinée à résumer la science médiévale arabe et juive, un certain nombre d’écrits nouveaux ont donc été ajoutés, ce qui fait la spécificité de cette Somme.
Le manuscrit est illustré : on remarque le soin donné aux initiales des premiers mots de chaque partie, les bordures en marge du texte, les petites illustrations et les cent soixante deux grandes miniatures. Une iconographie spécifique illustre les trois types d’ouvrages de la Somme. Les instruments utilisés pour mesurer le temps, l’astronomie et l’astrologie, tels les astrolabes, caractéristiques de cette période, sont étudiés en détail. Cet ouvrage rend donc compte de la façon dont les astres étaient étudiés au Moyen Âge. Les représentations figurées illustrant les astres font de la Somme des connaissances en Astronomie et des autres ouvrages réalisés sous la direction d’Alphonse X le Sage des œuvres didactiques.
Pour ce qui est des sources arabes et juives, cet ouvrage utilise surtout les livres d’Azarquiel et d‘Abd al-Rahmân al-Sûfî, astronome persan du Xe siècle qui contribua à la traduction et à la diffusion des œuvres des astronomes grecs (en particulier de Ptolémée), connues en Occident grâce aux travaux de traduction et de correction réalisés dans le monde islamique. Grâce à la Somme, une partie des connaissances de la science médiévale arabe et juive a été transmise au reste de l’Europe, par l’intermédiaire d’al-Andalus. On peut donc considérer cette œuvre comme un condensé des savoirs contemporains de trois cultures. Cinq juifs, quatre chrétiens espagnols, quatre Italiens et un musulman converti ont étroitement participé à son élaboration.
La Somme a par ailleurs servi à la préparation des « Tables d’Alphonse » (Tablas Alfonsíes), œuvre maîtresse de l’ensemble des ouvrages réalisés sous la direction d’Alphonse le Sage. La production littéraire menée par Alphonse X forme un tout homogène. Outre la Somme, les œuvres principales qui la composent sont les suivantes[1] :
- les « Chansons » (Cantigas)
- le « Lapidaire » (Lapidario)
- le « Livre des Jeux » (Libro de los Juegos)
- l’« Histoire générale » (General e Grande Estoria)
- les « Tables de Tolède » (Tablas Toledanas) dont elle constitue le précédent.
[1] Un exemplaire des cinq œuvres mentionnées ci-après est conservé à San Lorenzo de El Escorial, dans la Real Biblioteca de El Escorial.
González Jiménez, M., Alfonso X el Sabio, Barcelona : Ed. Ariel, 2004.
Martínez, H. S., Alfonso X el Sabio: una biografía. Madrid : Ed. Polifemo, 2003.
Rodríguez Llopis, M., Alfonso X y su época. El siglo del Rey Sabio. Barcelona : Ed. Carroggio, 2001.
Valdeón Baruque, J., Alfonso X el Sabio. La forja de la España Moderna, Madrid : Ed.Temas de hoy, 2003.