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Plat au bateau
- Titre / dénomination : Plat au bateau
- Lieu de production : al-Andalus, Espagne
- Lieu de découverte : Alcazaba de Málaga, Espagne
- Date / période : XIVe siècle
- Matériaux et techniques : céramique argileuse, décor de lustre métallique et rehauts de cobalt sur glaçure plombeuse stannifère
- Dimensions : D.: 54 cm ; H.: 23 cm.
- Ville de conservation : Málaga
- Lieu de conservation : Museo de Málaga
- Numéro d'inventaire : A/CE05724
- Inscription :
Ce grand plat au profil tronconique, à bord haut, est orné d’un motif de navire. Son décor a été réalisé en lustre métallique rehaussé de bleu de cobalt, type de décor dont Málaga fut l’un des principaux centres de production. Ce procédé décoratif, mis au point dans les ateliers mésopotamiens au IXe siècle est décrit dans le traité de 1301 du persan ‘Abû l-Qâsim. Toutefois on ignore quelles étaient les recettes utilisées en al-Andalus, où le lustre métallique connaît une apogée à l’époque nasride. Al-‘Umarî écrivait déjà en 1337, dans sa description du royaume de Grenade aux temps de Yûsuf I, que Málaga se distinguait par une production de céramique à décor de « lustre métallique, sans équivalent ». L’infatigable voyageur que fut Ibn Battûta déclara aussi en 1356 : « […] à Málaga, on fabrique une vaisselle admirable que l’on exporte dans les pays les plus éloignés ».
Ce plat fait sans aucun doute partie de la vaisselle de luxe utilisée en contexte domestique. Le bateau représenté au centre de la pièce est une embarcation chrétienne, une nef ou coca munie d’un gouvernail d’étambot et de voiles gonflées par le vent. Des motifs végétaux, des volutes et des fleurons entourent à profusion le motif central. Sous la quille, on distingue quatre gros poissons.
Le motif de bateau est déjà attesté sur les céramiques lustrées du Xe siècle[1], ou à décor en vert et brun du XIe siècle, mais c’est à l’époque nasride que ce thème devient plus fréquent. Les plats du Museo Nazionale di San Matteo de Pisa, caractéristiques de la production majorquine du XIe siècle, constituent clairement des antécédents du motif de bateau ornant les productions nasrides.
Des pièces de facture similaire au plat de Málaga, mais quelque peu postérieures, sont conservées dans les musées de Berlin, de Tunis, d’Almería et de l’Alhambra de Grenade[2].
Des découvertes archéologiques ont permis de confirmer l’exportation de céramiques à décor de lustre métallique produites à Málaga vers l’Angleterre et les Pays-Bas dans la seconde moitié du XIIIe siècle et au cours du XIVe siècle. Mentionnons à ce propos un magnifique plat nasride orné d’un navire portugais du XVe siècle, aujourd’hui au Victoria and Albert Museum de Londres[3]. Les productions ottomanes d’Iznik présentent également ce type de motifs, fréquent sur des plats[4], des pichets[5], ou des peintures : représentant différents ports de Méditerranée, comme le port de Lépante[6].
[1] Plat lustré, Xe siècle, musée d’Art islamique du Caire, inv. 7900.
[2] Museum of Islamic Art at the Pergamon Museum, Berlin : nº inv. KGM 1906,99 ; Museo de la Alhambra : nº inv. 14.964.
[3] Inv. 486-1864.
[4] Iznik, fin XVIe siècle, Copenhague, Davids Samling, 24/1975.
[5] Musée du Louvre, département des Arts de l’Islam, deuxième quart du XVIe siècle, inv. OA 7880/61.
[6] Turquie, 1540-1550, Istanbul, Topkapi Sarayi Müzesi, 17/378.
Barral i Alter, X. et al., Mediterraneum. El Esplendor de Mediterráneo Medieval s. XIII-XIV, Barcelone, 2004.
Bertí, G. et alii. Naves Andalusíes en Cerámicas Mallorquinas, Palma de Majorque. Dirección General de Cultura, 1993.
Martínez Caviró, B., Cerámica Hispanomusulmana, Madrid : El Viso, 1991.
Martínez Enamorado, V., « Ataifor con nave », in Ibn Jaldún. El Mediterráneo en el siglo XIV (Cat. piezas), cat. exp. Séville, Alcazar, Granada : El legado andalusí, 2006, p. 172.
Puertas Tricas, R., La Cerámica Islámica de Cuerda Seca en la Alcazaba de Málaga, Málaga : Ayuntamiento de Málaga, 1989.
Puertas Tricas, R., « La Loza dorada de Málaga », in Jábega, nº 70, Málaga 1990, p. 12-23.
Roselló Bordoy, G., « Ataifor de la nave », in Al-Andalus. Las Artes Islámicas en España. Madrid : Patronato de la Alhambra, 1992, p. 361.