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Palais de Mshattâ

(Qasr al-Mushattâ)

  • Nom : Palais de Mshattâ
  • Lieu : Jordanie
  • Date/période de construction : Milieu du VIIIe siècle, 743 - 744 ?
  • Matériaux de construction : Pierre et brique
  • Destinataire/mandataire : Al-Walîd II ?
  • Dimensions : 144 x 144 m

Vraisemblablement édifié sous le règne du calife al-Walîd II, prince artiste, également commanditaire supposé de Khirbat al-Mafjar, le palais de Mshattâ est l'une des dernières constructions que l'on rattache au groupe dit des « châteaux du désert ». Proche de ceux-ci par son enceinte scandée de vingt-cinq contreforts semi-circulaires, son entrée unique, sa maçonnerie de moellons parée de pierres de taille et sa forme carrée, il s'en distingue néanmoins par de nombreux aspects.

S'il emploie encore le module romain de 35 mètres commun à tous les palais omeyyades, il ne le multiplie pas par deux mais par quatre. Ces dimensions colossales sont reprises uniquement à Qasr al-Tûba (Jordanie), sans doute édifié lui aussi sur commande d'al-Walîd II, et proche par plusieurs traits, comme la présence de latrines dans certaines tours. Mais là n'est pas la seule originalité de Mshattâ : son plan, loin de s'organiser autour d'une cour centrale, est divisé en trois parties selon un axe nord-sud. Les deux espaces latéraux n'ayant jamais été réalisés, on suppose qu'ils étaient conçus pour abriter les logements des militaires, des serviteurs ou des courtisans, tandis que la partie centrale servait au commanditaire et à sa famille.

À l'instar du palais d'Amman, la bande centrale est divisée en trois parties. Un complexe d'entrée, comprenant, outre un accès majestueux, des salles à vocation plus utilitaire et une mosquée, identifiable à son mihrâb, mène à une grande cour. Au bout, une triple arcade, évocation des arcs de triomphe romains, aboutit à une salle basilicale terminée par un triconque. Cette salle, sans doute destinée au trône, reprend un modèle classique né vraisemblablement aux alentours du IIIe siècle. Quatre unités d'habitation, dites bayt, que l'on retrouve dans nombre de constructions civiles omeyyades ou plus tardives (palais d'Ukhaidir), l'encadrent. Syriennes par leur plan (une cour centrale sur laquelle ouvrent quatre pièces), elles rappellent aussi l'Iran sassanide par leurs voûtes de brique, et servaient peut-être de résidence aux quatre épouses du calife.

Mshattâ est aussi connu pour sa riche décoration, en particulier sa façade sud, dont une grande partie est au Pergamonmuseum de Berlin. Il s'agit d'un bandeau bordé de moulures richement sculptées et divisé par un zigzag, dérivant peut-être de motifs d'art populaire arabe, selon Kühnel. La ligne brisée crée des espaces triangulaires que remplissent des rosettes et des éléments végétaux, souvent des rinceaux de vigne. Ils peuvent être animés par des figures d'animaux, réels (félins, oiseaux) ou fantastiques (griffons, senmurv, centaure), ou aniconiques, lorsqu'ils ornent le mur qiblî de la mosquée. Quelques rondes bosses, animales (lion) et féminines rappellent les stucs de Khirbat al-Mafjar (Palestine).

Comme l'historien abbasside Yakubi (m. 892) le raconte pour la construction, cent ans plus tard, du palais de Baghdâd, les ouvriers ayant œuvré à la réalisation de Mshattâ semblent avoir été des personnes soumises à la corvée, travaillant sous la direction d'un petit nombre de maîtres. C'est ainsi que parmi les marques de maçons répertoriées, certaines, en forme de croix, témoignent de la participation de chrétiens, tandis que des dessins sommaires reprenant l'iconographie des souverains sassanides rappellent que d'autres venaient sans doute d'Iran. À ce titre, Mshattâ semble avoir servi de point de confluence entre diverses cultures, qui ont marqué l'édifice par leurs motifs ou leurs conceptions architecturales.

BIBLIOGRAPHIE DU MONUMENT

Bisheh, G., « Al Mshatta in the Light of a Recently Found Inscritpion », in. Studies in the history and archaeology of Jordan, III, Amman : department of Antiquities, 1987.

 

Creswell, K.A.C., Early muslim architecture, I, 2, New-York  Hacker art Books, 1979. (2de ed.). pp. 578 - 606.

 

Grabar, O., « Al-Mushatta, Baghdad et Wasit », in. The world of Islam, studies in honour of P.K. Hitti, London : RB Winder, 1959. pp. 99 - 108.

 

Hillenbrand, R., « Islamic Art at the Crossroad, East versus West at Mshatta », in. Essays in islamic art and architecture, Malibu : ed. Daneshvari, 1981. 

 

Kühnel, E., « Some Notes on the Facade of Mshatta », in Studies in islamic art and architecture in honour of Pr KAC Creswell, Cairo, 1965.

Lavin, I., « The house of Lord », in Art bulletin, 44, 1, 1962. pp. 1 - 27.

BIBLIOGRAHIE DE REFERENCE

Syrie, mémoire et civilisation, (cat. exp., Paris, Institut du monde arabe), Paris : Institut du monde arabe, 1998.  

Grabar, O., La formation de l'art islamique, [trad. ang.], Paris : Flammarion, coll. Champs, 2000 (2de ed.)

Hillenbrand, R., Islamic architecture, form, function, meaning, New York : Columbia University Press, 1994.

Sourdel, J. et D., Dictionnaire historique de l'Islam, Paris : Presses Universitaires de France, 1996.

GLOSSAIRE


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