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Rondeau à l’aigle bicéphale

  • Titre / dénomination : Rondeau à l’aigle bicéphale
  • Lieu de production : Syrie/Égypte
  • Date / période :

    XIIIe siècle

  • Matériaux et techniques : Marbre taillé, décor sculpté et gravé
  • Dimensions : Circonférence : 46 cm
  • Lieu de conservation : Le Caire, Musée d’Art islamique
  • Numéro d'inventaire : 12752

Cette plaque présente dans sa partie gauche un croissant ou un fragment de bandeau qui circonscrit une ellipse au sein de laquelle se développe un motif figuratif sur un fond de rinceaux et d’entrelacs animés. Au centre, un aigle bicéphale aux ailes éployées tient dans ses becs un bovidé ou une licorne.

Le riche décor de cette pièce présente un grand nombre d’influences. Tout d’abord dans le motif du fond, où les rinceaux achevés par des têtes animales évoquent le motif de l’arbre waq waq[1]. Ce thème est présent en Iran et en Afghanistan puis en Anatolie dès l’époque ghaznévide (977-1186), il fut certainement transmis au monde arabo-turc à travers l’Asie centrale. On retrouve ces rinceaux animés sur différents support, ivoires ou encore textiles tels que des cotons imprimés mamluks, par exemple celui sur lequel on retrouve un motif végétal à l’intérieur duquel se déploie une tête de lion, un oiseau et une tête de lapin ainsi qu’une inscription en caractères cursif[2].

La surface du corps de l’aigle est traitée pour chaque partie de façon différente. Un axe de symétrie qui part de la palmette située entre les deux têtes se prolonge jusqu’à l’extrémité de la queue. Ce motif de palmette est repris à la naissance du cou par deux petits oiseaux affrontés dont les ailes se recourbent, puis sur le ventre et sur le front du masque de bovidé aux longues oreilles qui semble cracher l’extrémité en éventail de la queue de l’aigle.

Le motif central de l’aigle bicéphale est un motif « voyageur » que l’on retrouve aussi bien dans les sociétés occidentales qu’orientales. Très présent en Anatolie et en Jézireh, il est un symbole de pouvoir et de royauté. On le retrouve en Anatolie seljukide, sculpté sur des madrasa (Divrigi, Erzerum), sur de la céramique (pièces de formes et carreaux comme aux  palais de Diyarbekir et de Beyshehir) et, presque semblable, peint sur l’intérieur du lutrin offert à Jalâl al-Dîn Rûmî par le sultan seljukide[3]. Il est également présent dans l’Occident islamique, en Sicile (plafond de la Chapelle palatine de Palerme et, en Espagne, sur des cuves en pierre et des textiles). Le musée du Caire conserve une pièce de tissu de soie attribuée au sultan Qalâ’ûn et comportant un dessin d’aigle bicéphale[4] qui témoigne de la persistance de ce motif sous les souverains mamluks.

On retrouve le motif du masque de bovidé sculpté sur pierre en Anatolie seljukide et sur des métaux de la même époque d’Iran et de Turquie.

Quand au traitement de la surface, au jeu de plans, il évoque le monde seljukide, mais aussi certains bois et ivoire fatimides sur lesquels on retrouve une sculpture comparable parfois même entièrement ajourée.

Ce médaillon était certainement destiné à orner une façade ou l’intérieur d’un palais. Il devait prendre place dans une composition plus large comme l’indiquent le bandeau latéral et les amorces de décor qui se prolongent à l’arrière du ruban ainsi que la présence d’une main humaine sous l’aile gauche de l’aigle[5]. Celle-ci renvoie à des compositions similaires présentes sur des ivoires fatimides de Sicile ou d’Égypte mais aussi dans des manuscrits médiévaux européens.

NOTE

[1] Légende que se partage le monde arabe et chinois, probablement transmise par l’intermédiaire des routes maritimes de la soie. Elle rapporte l’existence de l’île des waq waq sur laquelle poussent des arbres dont les fruits étaient des têtes de femmes ou d’enfants, criant waq waq lorsqu’on les touche.

[2] Le Caire, Musée d’Art islamique, Inv. 14472.

[3] Daté de 1280, Musée Mevlâna, inv. 332.

[4] Inv. 2179.

[5] Nous pouvons comparer les motifs de rinceaux tenus par des mains humaines aux dessins ciselés sur une plaque en marbre (fontaine) qui a été trouvée à la madrasa Sarghatmach au Caire, et qui est conservée actuellement au Musée d’Art islamique sous le n° 2788. Elle date de 1356.

BIBLIOGRAPHIE DE L'OBJET

Exhibition Islamic art in Egypte 969-1517, (cat. exp., Le Caire, Hôtel Sémiramis, 1969), Le Caire : Ministry of culture U.A.R., 1969, p. 205, n° 196, ill. 34

L’étrange et le merveilleux en terre d’Islam, (cat. exp., Paris, musée du Louvre, 2001), Paris : RMN, 2001



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